Est-ce que manger du poisson rend intelligent ?

Nous avons tous et toutes entendu au moins une fois cet argument (plutôt convainquant) nous poussant à finir notre assiette : « Mange ton poisson, ça rend intelligent ! ». Est-ce une réalité ou aurions-nous été trompés depuis notre plus jeune âge ? La composition nutritionnelle du poisson justifie-t-elle vraiment que la sagesse populaire lui attribue ce pouvoir ? Réponses.
Nutrition-santé : poissons à chair blanche, et poissons gras
Avant d’entrer plus précisément dans les détails, revenons ensemble sur la composition nutritionnelle du poisson. De manière générale, les poissons sont riches en protéines de bonne qualité, en vitamines du groupe B, et en minéraux tels que le phosphore, le fer et le calcium.
En nutrition, on distingue deux types de poissons dont les caractéristiques nutritionnelles différent : les poissons à chair grasse et les poissons à chair non grasse. Pour les différencier, rien de plus simple : tout poisson dont la chair n’est pas blanche (rouge, rose, grise, etc.) est un poisson à chair grasse. Le saumon, le rouget, le thon, ou encore la sardine sont donc des poissons gras, à l’inverse du colin et du cabillaud. Cette différence est essentielle pour étudier l’impact de la consommation de poisson sur notre cerveau car, les poissons à chair grasse sont nettement plus riches en vitamines A et D, mais surtout en oméga-3.
Les pouvoirs magiques des oméga-3 sur notre cerveau
A titre de comparaison, le filet d’un poisson non-gras tels que cabillaud contient moins d’1 gramme de matières grasses, tandis que la sardine, poisson à chair grasse que je vous recommande particulièrement, en renferme plus de 13 grammes. Mais, comme répété souvent sur ce blog, le bénéfice-santé de notre alimentation n’est pas forcément une affaire de quantité, mais surtout de qualité. En d’autres termes, les poissons à chairs grasses contiennent bien plus de lipides que leurs homologues à chair blanche, mais ce sont des graisses de très bonne qualité, et dont la consommation est fortement recommandée.
Les oméga-3 sont au centre de nombreuses études leur octroyant des bénéfices réels sur la santé : meilleurs échanges entre les cellules, action anti-inflammatoire, santé cardio-vasculaire ou encore… développement et entretien du cerveau. Effectivement, tout au long de notre vie, les oméga-3 jouent un rôle central sur notre matière grise, dont ils sont un constituant majeur. Pour preuve, 20% du poids de notre cerveau (soit à peu près 300g) sont représentés par des oméga-3…
- Lorsque nous ne sommes encore que fœtus, les oméga-3 permettent un développement optimal des neurones de notre cerveau. Pour cette raison, les femmes enceintes ont tout intérêt à s’assurer de satisfaire leurs besoins en oméga-3 pendant la période de gestation.
- Lors de l’enfance et de l’adolescence, il semblerait qu’une consommation satisfaisante d’oméga-3 soit liée à de meilleures capacités intellectuelles. C’est en tout cas ce qu’avancent les résultats d’une étude menée sur près de 4000 ados par l’hôpital de Göteborg, en Suède. La consommation de poisson, pendant 3 ans et deux fois par semaine, par des adolescents de 15 ans, a entrainé des scores au test de quotient intellectuel plus élevés que la moyenne de 12%.
- Chez les séniors, les oméga-3 ont un rôle fondamental pour protéger l’intégrité des neurones. Ils permettent à la paroi des cellules cérébrales de rester fluide, ce qui est essentiel pour leur bon fonctionnement, et facilite les échanges entre le cerveau et le reste de l’organisme. De plus, les oméga-3 semblent être efficaces pour prévenir l’installation de la maladie d’Alzheimer, à condition qu’ils soient consommés en quantité suffisante avant les premiers signes de démences. La vitamine D est aussi au centre d’études montrant des effets préventifs sur la maladie d’Alzheimer, et ça tombe plutôt bien car c’est une vitamine que l’on retrouve principalement dans les poissons gras, elle aussi. La nature est bien faite, non ?!
Vous l’aurez compris : il est difficile d’affirmer que le poisson rende intelligent. Néanmoins, son importance dans la couverture des besoins journaliers en oméga-3, nécessaires pour la constitution et l’entretien du cerveau à tout âge, en fait une denrée intimement liée à nos capacités intellectuelles. Personnellement, je vous conseille de consommer deux portions de 100g de poisson gras par semaine, et une portion de poisson non gras. Et s’il ne rend pas plus intelligent, il semble tout de même que le poisson (et ses oméga-3) permette de le rester plus longtemps.